Le maintien de l'ordre à Milipol Paris
Le maintien de l'ordre est l'un des secteurs les plus dynamiques et les plus représentés sur l'événement:
- 476 exposants en 2023
- 2 393 visiteurs en 2023 (soit 14% du visitorat)
- 49% des exposants ont sélectionné le maintien de l'ordre comme secteur d'activité ciblé des visiteurs
- Des conférences thématiques sur la sécurité des grands événements
- Un secteur représenté dans toutes les catégories des Milipol Innovation Awards
- Une multitude de produits :
- Appareils de transmissions, de communications et de localisation (émetteurs-récepteurs, oreillettes, matériels d'écoute,...)
- Technologies d'observation, d'éclairage et de capture d'images
- Équipements de protection individuels Véhicules, drones et robotique
- Armement
- etc.
Ils étaient présents en 2023
- INTELLIGENT DEVICES, INC
- INTELLITRONIKA SRL
- INTERIONET LTD
- INVISIO IPS
- IWI – ISRAEL WEAPON INDUSTRIES
- IWITNESS BODYWORN & VIDEO SOLUTIONS
- JAPAN RADIO CO
- JENOVICE
- JOLLY SCARPE SPA
- JSI
- KAAMA
- KEELA TACTICAL SOLUTIONS
- KERMEL
- KOREA CNO TECH
- LABINO FORENSICS
- LANDGUARD SYSTEMS
- LEONARDO
- LEUPOLD
- LIBERVIT
- MACTRONIC
- MAGNET FORENSICS
- MAGNUM BOOTS
- MARCK & BALSAN
- MAROM DOLPHIN
- MARTINEAU
- MASERIN COLTELLERIE
- TECHNOLOGIES
- MEDALS.GR
- MEHLER ENGINEERED DEFENCE GMBH
- MEHLER LAW ENFORCEMENT GMBH
Article - Maintien de l’ordre : un juste équilibre
Le climat social en France s’est largement dégradé ces dernières années avec pour conséquence une forte augmentation des manifestations dans l’ensemble du pays. Loi travail, réforme des retraites, Gilets jaunes, anti-pass vaccinal ou encore anti-loi Sécurité Globale, les exemples ne manquent pas. Le maintien de l’ordre est aujourd’hui de plus en plus compliqué à assurer pour les forces de l’ordre qui cherchent un juste équilibre…
Une nouvelle doctrine adoptée par les pouvoirs publics
Ces dernières années les manifestations ont largement évoluées passant de rassemblements autorisés, prévu disposant de services d’ordre clairement identifiés à des rassemblements parfois interdits par la préfecture de police lors desquels des casseurs comme le mouvement des « Black Blocks” s’introduisent, cassent du mobilier urbain et attaquent les forces de l’ordre. Dans un climat social plus que tendu, avec d’un côté des manifestations dénonçant des violences systématiques à leur encontre et de l’autre des forces de l’ordre qui se disent être prises pour cible, le dialogue était rompu. Dans un rapport de la commission d’enquête relative à l’état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrine de maintien de l’ordre de janvier 2021, les députés insistent sur « l’équilibre subtil » à trouver entre : la protection du droit fondamental de manifester, l’intégrité physique des manifestants et des personnes en charge du maintien de l’ordre et la défense des personnes ou des biens qui pourraient être considérées comme des victimes collatérales de la manifestation en cours. Dans ce contexte, particulièrement tendu, en pleine période dite des « Gilets jaunes », le ministère de l’Intérieur a proposé une nouvelle doctrine, un nouveau schéma national du maintien de l’ordre qui devait « concilier la possibilité pour chacun de s’exprimer librement et dans les formes prévues par le droit et empêcher tout acte violent contre les personnes et les biens à l’occasion des manifestations »[1]. Le cadre de l’utilisation de la force était clairement établi. Mais, le Conseil d’Etat a dénoncé certaines mesures dont celle de l’encerclement des manifestants ou encore de l’obligation pour les journalistes de s’éloigner en cas d’ordre de dispersion. En décembre 2021, le ministère a publié un nouveau schéma national prenant en compte les commentaires du Conseil d’Etat.
Ce nouveau schéma comporte plusieurs mesures dont : l’abandon de la grenade GLI-F4 et son remplacement par une grenade GM2L qui ne contient pas d’explosifs, la mise en place auprès de chaque préfet d’un référent pour l’aide aux victimes qui souhaiteraient obtenir réparation d’un préjudice lorsqu’elles n’ont pas participé aux affrontements avec les forces de l’ordre, le cadrage des technique d’encerclement des manifestants ou encore une plus grande transparence concernant l’action des forces de l’ordre avec notamment, l’obligation de faire apparaître de façon visible la mention de l’unité sur l’uniforme.
Nouvelles technologies et maintien de l’ordre : une aubaine
La Gendarmerie nationale, dans le cadre du maintien de l'ordre, a développé une doctrine autour de l’utilisation des nouvelles technologies. Ils n’envisagent pas « d’acquisition massive de caméras piétons soumises à une législation contraignante interdisant notamment la retransmission des flux. Pour le moment, l’exploitation des images reste soumise aux capacités cognitives et d’analyse de la ressource humaine. A terme, l’intelligence artificielle devrait permettre aux forces chargées de l’encadrement des manifestations de reconnaître et suivre des éléments perturbateurs (reconnaissance faciale) et d’anticiper leur manœuvre en interprétant les signaux faibles détectés au sein de la foule (gestion prédictive des comportements) »[3] explique le colonel de gendarmerie Michael Di Meo.
Mais, pour l’heure, tous les regards sont tournés vers le Réseau Radio du Futur (RRF) qui « devrait révolutionner les systèmes d’information et de communication au sein des forces de l’ordre et avec leurs partenaires institutionnels »[4]. Ce dernier repose sur des technologies évolutives à très haut débit et pourra permettre la transmission de données de textes, d’images, vocales ou encore des données de géolocalisation en temps réel.
Les différentes doctrines de maintien de l'ordre en Europe
Selon les pays européens, les doctrines de maintien de l'ordre diffèrent. En Belgique, la doctrine de la désescalade prime, avec comme principes directeurs la négociation et d'éviter l'affrontement. La notion même de « maintien de l’ordre » a disparu pour être remplacée par les termes de « gestion négociée de l’espace public »[5]. Chez nos voisins allemands, les armes de type grenades assourdissantes, lanceurs de grenades, lanceurs de balles de défense et grenades lacrymogènes instantanées sont prohibées tout comme en Belgique et au Royaume-Uni. Les canons à eaux pour disperser les foules sont largement utilisés, les policiers intervenant sans bouclier et à mains nues lors des rassemblements dans le pays. Au Royaume-Uni, les forces de l'ordre ont retenu la technique dite de l'encerclement qui vise à encercler et isoler les manifestants.
En France, la récente nomination d’un nouveau préfet de police de Paris, poste hautement stratégique, semble bien démontrer qu’un vent nouveau souffle sur le maintien de l’ordre. Comment Laurent Nuñez, ancien directeur général de la DGSI et ancien coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme va-t-il gérer le dossier épineux du maintien de l’ordre ? Réponse dans les prochains mois, alors que le climat social semble s’être apaisé ces derniers temps avec une baisse des manifestations dans le pays...
Sources
- [1] Schéma National de Maintien de l’Ordre, Ministère de l’Intérieur, décembre 2021
- [2] Nos organisations saisissent la justice contre les violences des forces de l’ordre, Ligue des droits de l’homme, 26 septembre 2022, Ligne des droits de l'homme france
- [3] Michaël DI MEO, Colonel de gendarmerie, DGGN, “Les outils du maintien de l'ordre : état et perspectives”, RGN 267, 2020
- [4] Ibid
- [5] Désescalade de la violence et gestion des foules protestataires, Défenseur des droits, Décembre 2021